Une affaire de prêts toxiques empoisonne BNP Paribas

Une affaire de prêts toxiques empoisonne BNP Paribas

L'affaire des prêts toxiques de BNP Paribas Personal Finance rebondit, avec le témoignage capital de l'ancienne directrice de la filiale suisse qui les portait.

Publié le 06-11-2015 par Emilie Huberth

Des alertes ignorées

 

Nathalie Chevalier, ancienne directrice de BNP Paribas Personal Finance, semble avoir apporté dans son témoignage auprès de la juge Claire Thépaut des éléments décisifs pour l'enquête, et accablants pour BNP Paribas. L'affaire remonte à 2008, lorsque plusieurs cadres de la banque, dont Nathalie Chevalier, s'alarment à propos de prêts immobiliers commercialisés en Suisse sous le nom d'Helvet Immo, un prêt délivré en Francs suisses, mais remboursable uniquement en euros. Certains avouent ne rien comprendre au montage de ces produits, d'autres font part de leurs craintes, et Nathalie Chevalier va même jusqu'à alerter la haute hiérarchie de BNP Paribas Personal Finance, en pointant du doigt le risque que ces prêts potentiellement toxiques faisaient courir à la banque, ne serait-ce qu'en termes d'image. Mais les dirigeants balaient immédiatement les critiques d'un revers de main négligeant, et Nathalie Chevalier avec elles, puisqu'elle est écartée du groupe de travail chargé de préparer la commercialisation des prêts pour la grande banque.

 

 

Pratiques commerciales trompeuses

 

Entre 2008 et 2009, 4 655 prêts vont être consentis pour un total de 700 millions d'euros. Très rapidement, les risques identifiés deviennent effectifs, et certains emprunteurs se retrouvent dans des situations délicates. Un couple ayant emprunté en Francs suisses l'équivalent de 111196 euros se retrouve avec 198609 euros à rembourser, soit près du double de la somme empruntée. Et ils ne sont pas les seuls. Dans ce dossier, plus de 1000 emprunteurs ont porté plainte contre BNP Paribas, si bien qu'en avril 2015, BNP Paribas Personal Finance a été mis en examen pour pratiques commerciales trompeuses et fraude.

Le problème vient en effet de la dépréciation de l'euro par rapport au Franc suisse. Chaque fois que l'euro baisse, le capital restant à rembourser par les prêteurs augmente. Or, dans son argumentaire commercial, BNP Paribas Personal Finance précisait bien que le montant du capital à rembourser ne pouvait augmenter que de quelques centimes d'euros. Face à cette explosion du montant des crédits, BNP Paribas Personal Finance aurait alors, selon Nathalie Chevalier, choisi de sauver certains clients dont le profil était jugé dangereux, en fonction du risque financier, mais plus encore en fonction du risque qu'ils intentent un procès qui aurait des répercussions sur l'image de la banque. A ceux-là BNP Paribas a proposé une conversion de leur prêt Helvet Immo en prêt à taux fixe libellé en euro. Quant aux autres, on les a tout simplement laissés courir à leur ruine.

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