Défiance

Alors qu'un plan social menace 125 salariés depuis que Patrick Drahi a repris l'Express et l'a intégré dans Altice Media Group, les journalistes réunis hier soir ont voté massivement peu avant 20 heures  une motion de défiance contre le magnat des télécoms et des médias et le directeur des rédactions, le célèbre et médiatique Christophe Barbier. Cette motion a été approuvée par 115 salariés, 85 ayant voté contre. Une autre motion de défiance, à l'encontre de l'ensemble des actionnaires du groupe l'Express a, quant à elle, été adoptée par 175 voix.

Cette motion va-t-elle condamner Christophe Barbier à partir? Elle le met en tous cas dans l'embarras, puisque, n'ayant plus la confiance des salariés, il ne peut plus remplir le rôle d'accompagnateur du plan de sauvegarde de l'emploi et de médiateur entre les personnels et Patrick Drahi dont il s'était investi en avril dernier. Figure emblématique du Journal, son départ viderait en partie l'Express de sa substance, et lui ferait perdre son meilleur ambassadeur.

Peur de perdre toute indépendance

Mais il n'est pourtant pas le seul, parmi les grandes plumes de l'hebdomadaire, à pouvoir quitter le navire. Jacques Busnel, directeur de la rédaction du magazine Lire et éditorialiste à l'Express a en effet annoncé sa démission. Renaud Revel, plume réputée et bien connue, l'un des rédacteurs en chef du journal et l'indétrônable spécialiste des médias, a lui aussi fait part de ses hésitations. Il pourrait lui aussi quitter l'hebdomadaire, mais n'a pas encore pris sa décision.

Avec une rédaction hostile et les grandes plumes sur le départ, l'intégration de l'Express dans Altice Media Group ne se passe pas dans les meilleures conditions. Les méthodes et la personnalité de Patrick Drahi inquiètent, et, dans un climat marqué par l'interventionnisme des patrons de presse dans la ligne éditoriale des médias, les journalistes ont tout simplement peur de perdre leur indépendance. Patrick Drahi sera-t-il en mesure de les rassurer? Rien n'est moins sûr.