Eviction du Président

Il est plus courant que des salariés manifestent contre leur patron, voire le séquestrent, que de les voir se mobiliser pour le rétablir dans ses fonctions. C'est pourtant ce qui se passe chez le spécialiste de la tuile en terre cuite, Terreal. Mardi dernier, Hervé Gastinel, Président et fondateur de cette spin off de Saint-Gobain, a été débarqué par le Conseil d'Administration après plus de 15 ans de bons et loyaux services.

Les responsables de cette éviction sont les nouveaux actionnaires entrés en 2013 au capital de Terreal pour permettre la réduction de la dette de l'entreprise : ING Bank, Park Square Capital, et Goldman Sachs. Ces derniers, pourtant, avaient à leur entrée reconnu devant le Tribunal de Commerce de Nanterre « qu'une part notable de la pérennité de l'entreprise repose sur l'expérience du dirigeant M. Gastinel qui bénéficie du soutien de ses salariés et de leurs représentants, et des nouveaux actionnaires majoritaires ». Ce qui ne les a pas empêchés de licencier l'emblématique Président.

Mobilisation totale des salariés

Depuis mardi soir, les 2700 salariés de Terreal ne décolèrent pas devant « cette attitude irresponsable, irrespectueuse des personnes et des biens, bafouant sans vergogne les engagements pris et la parole donnée risque de tuer en vol quinze années d'efforts des 2700 salariés qui ont su hisser l'entreprise au premier rang de l'innovation et du développement durable dans son secteur », comme le clame le communiqué rédigé par le Comité Central d'Entreprise, qui se termine par ces mots : « Non à la casse industrielle ! Non à la casse sociale ! Non au départ d'Hervé Gastinel ! ».

Les salariés appellent à la mobilisation générale de tout le tissu économique et politique en lien avec l'entreprise : salariés, particuliers, artisans du bâtiment, distributeurs, élus locaux, économistes, et même au gouvernement, et au Chef de l'Etat. Ils promettent également des actions coup de poing dans les 16 usines du groupe. De son côté, le Conseil d'Administration de Terreal se dit prêt à expliquer sa décision, mais précise que le successeur d'Hervé Gastinel est déjà choisi.