« La vraie urgence pour l'humanité, c'est l'écologie » (Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères)

Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.

ENTRETIEN — A l'occasion de la publication d'un ouvrage collectif qu'il a dirigé « Grands diplomates: Les maîtres des relations internationales de Mazarin à nos jours » (éd. Perrin) (1), Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, livre son analyse sur les points chauds de la planète : Ukraine, Proche-Orient, Chine-Taïwan et l'évolution des relations internationales. Selon lui, la nouveauté par rapport aux siècles passés est l'urgence de « l'écologisation » du monde, autrement dit la transformation de tous nos modes de vie et de production à travers la planète, ce qui pourrait faire des COP les événements les plus importants en matière de relations internationales dans un futur proche.

Publié le 21-01-2024 par Nicolas Prissette et Robert Jules

LA TRIBUNE DIMANCHE - Vous avez dirigé un livre, qui vient de paraître, racontant l'histoire de diplomates illustres. Selon vous, le temps de ces grands négociateurs est révolu. C'est de mauvais augure quand la guerre continue en Ukraine ou à Gaza, que les tensions montent à Taïwan et ailleurs...

HUBERT VÉDRINE - Je n'ai pas dit qu'il n'y aurait plus de négociateurs. Dans notre monde globalisé, il y a sans cesse des négociations dans tous les domaines - économie, technologie, défense, sécurité, santé, IA, etc. Il n'y a donc jamais eu autant de négociateurs. Mais pourront-ils développer des carrières ou des destins de grands négociateurs, comparables aux personnalités dont cet ouvrage rassemble les portraits ? Je ne le pense pas. Ils n'en auront pas l'occasion, ni le temps, ni l'espace. L'opinion ne s'attachera pas à des négociateurs extrêmement importants pour un an ou deux. Le rôle des ministres des Affaires étrangères eux-mêmes restera important mais sera de plus en plus relativisé au milieu d'un plus grand nombre d'acteurs. Mais quand Benoît Yvert, qui a eu l'idée du livre, m'a demandé d'en assurer la direction et d'en rédiger la préface et la postface, j'ai accepté parce que précisément c'est un vrai enjeu. Nous commençons avec Mazarin - nous aurions pu commencer avec Richelieu, mais il est vraiment très connu - et allons jusqu'à l'époque contemporaine avec Boutros Boutros-Ghali, Kofi Annan, Henry ­Kissinger, et même Sergueï Lavrov. Étant donné que le monde ne constitue p

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