« Après la COP28, les pays de l’OPEP ont encore de beaux jours devant eux pour exploiter leurs ressources fossiles » (Francis Perrin, IRIS)

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ENTRETIEN. Pourquoi les pays producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz ont-ils accepté mercredi de signer le texte final de la COP28 de Dubaï, qui appelle pour la première fois les Etats à s'éloigner des combustibles fossiles ? Quelques jours plus tôt pourtant, le secrétaire général de l’OPEP lui-même enjoignait ses membres à refuser tout accord de ce type, lequel mettrait en danger leur « prospérité ». Explications avec Francis Perrin, directeur de recherche et professeur à l’IRIS et spécialiste des questions énergétiques dans le monde arabe.

Publié le 15-12-2023 par Marine Godelier

LA TRIBUNE - Selon vous, qu'est-ce qui a poussé les pays pétroliers à accepter le texte final de la COP28, alors qu'ils rejetaient d'abord vigoureusement tout appel à sortir progressivement des combustibles fossiles ?

FRANCIS PERRIN - Le texte final de la COP28 a été approuvé par consensus. Autrement dit, les 195 signataires de l'accord de Paris de 2015 (194 pays et l'Union européenne) -- ce traité qui les contraint à limiter la hausse des températures nettement en dessous de +2°C d'ici à la fin du siècle -- sont tombés d'accord à l'unanimité. Y compris les 23 pays de l'OPEP [organisation des pays exportateurs de pétrole - 13 membres, ndlr] et de l'OPEP+ [10 membres supplémentaires, ndlr], qui ont estimé que la formulation retenue sur les énergies fossiles leur convenait.

Pourtant, celle-ci va plus loin que le projet d'accord présenté lundi par la présidence émiratie. Alors que dans cette première version, les Etats étaient invités à prendre différentes mesures, parmi lesquelles « la réduction de la production et de la consommation d'énergies fossiles », le texte finalement adopté les « appelle » à contribuer aux efforts mondiaux pour entamer « une transition hors » de ces combustibles. Nous sommes ainsi passés d'une formule molle, à la carte, à une incitation plus marquée.

Pour convaincre les pays pétroliers et gaziers d'accepter ces avancées, le président de la COP28, Sultan Al Jaber, a joué un rôle très important. Il a su tirer profit de ses multiples casquettes, de minist

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