« Ne vendons pas des illusions : il n'y a aucun redressement industriel aujourd'hui » (François Ruffin)

Ruffin

Après l'annonce ce lundi par Emmanuel Macron d'investissements étrangers record en France, suivie le lendemain par la présentation du projet de loi destiné à favoriser une réindustrialisation décarbonée du pays, François Ruffin, député LFI de la première circonscription de la Somme, dénonce dans La Tribune la politique du chef de l'Etat. Pour lui, il n'y a pas de « redressement industriel » et il faut au contraire « canaliser toutes les énergies du pays, tous les savoir-faire, tous les capitaux, toute la main d'oeuvre en une direction ; l'économie de guerre climatique » .

Publié le 18-05-2023 par Marc Endeweld

LA TRIBUNE-Ces derniers jours, le président Emmanuel Macron a multiplié les annonces sur l'industrie. Au sommet « Choose France », il a annoncé 13 milliards d'euros d'investissements. Que pensez-vous de cette offensive présidentielle ?

FRANÇOIS RUFFIN- Je vois une conversion d'Emmanuel Macron. C'est peut-être même la conversion de toute une classe. Pourquoi l'industrie française est partie depuis quarante ans ? Parce que nos élites ont décidé que les usines, c'était passé, dépassé, que ça polluait, qu'il fallait se tourner vers les services, les banques et les assurances, qu'on pouvait juste garder, éventuellement, l'aéronautique et le luxe. Emmanuel Macron reste quand même l'homme de la « startup nation », qui, comme ministre à Bercy, a bradé notre fleuron Alstom aux Américains, Technip aux Texans, Alcatel à Nokia, avec, au final, 1.800 emplois en moins malgré les engagements... Alors, si conversion d'Emmanuel Macron, et de nos élites, il y a, tant mieux.

Maintenant, il faut que ça parte d'un bon diagnostic, sinon nous n'aurons pas les bons remèdes. Quel est le diagnostic ? Nous avons subi une double emprise. Par un dumping sur le travail à l'est, via la Chine et l'élargissement de l'Union européenne, avec une main d'oeuvre moins chère, une faible fiscalité, des normes environnementales moindres. Et par une prédation du capital à l'ouest, avec les fonds de pension anglo-saxons qui ont pillé les plus beaux morceaux de notre industrie nationale.

Depuis quarante ans, dans mon c

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