« Ne sacrifions pas le réseau de gaz avant d'évaluer le potentiel de biomasse » (Jules Nyssen, syndicat des énergies renouvelables)

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ENTRETIEN. Jules Nyssen, le président du syndicat des énergies renouvelables (SER), plaide pour qu'un travail transparent sur l'évaluation du potentiel d'énergie issue de la biomasse, c'est-à-dire des matières organiques comme le bois ou les résidus agricoles, soit lancé au plus vite afin de remplacer les combustibles fossiles. Il s'inquiète du glissement de calendrier de la première loi de programmation sur l'énergie et le climat (LPEC) et redoute que les ambitions du pays soient revues à la baisse. Selon lui, la France doit viser, comme l'Union européenne, 42,5 % d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'ici à 2030, contre 20,7% en 2022.

Publié le 20-09-2023 par Propos recueillis par Marine Godelier et Juliette Raynal

LA TRIBUNE. L'étude au Parlement de la première loi de programmation sur l'énergie et le climat (LPEC), qui était initialement prévue à l'été, puis à l'automne, pourrait une nouvelle fois être décalée en janvier 2024. Ce glissement de calendrier vous inquiète-t-il ?

JULES NYSSEN. Depuis la rentrée, une petite musique tourne sur le fait qu'il n'y aurait pas de place dans l'agenda parlementaire d'ici à la fin de l'année. S'y ajoute une discussion plus politique sur la capacité du gouvernement à trouver une majorité pour faire voter le texte. Nous avons trois craintes par rapport à cela : d'une part que les ambitions de la loi soient revues à la baisse, d'autre part que la loi soit décalée trop loin dans l'agenda et, enfin, qu'elle soit carrément supprimée ou vidée de sa substance.

Nous estimons, que le volet production, au moins, doit faire l'objet d'une programmation législative, car il s'agit de choix qui engagent la structuration de notre système de production énergétique pour des décennies, bien au-delà de l'échéance 2030-2035. Par ailleurs, ce sont des sujets sur lesquels de gros investissements en capital doivent être mobilisés, ce qui nécessite de la visibilité dans la durée. Enfin, il faut que les industriels qui développent des projets de gigafactories [notamment de panneaux photovoltaïques, ndlr] aient, eux aussi, de la visibilité et qu'ils puissent mesurer l'ambition que se donne la France.

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