« L'Iran cherche à mener une guerre froide » (Djamchid Assadi)

Djamchid Assani

ENTRETIEN. Pour la première fois l'Iran a frappé directement Israël avec l'envoi de drones et de missiles le 14 avril. En réponse, Israël a promis « une riposte » à cette attaque massive, malgré les appels du monde entier, y compris des Etats-Unis, à éviter une escalade au Moyen-Orient. Ce mardi, le président iranien Ebrahim Raïssi a une nouvelle fois prévenu que « la moindre action » d'Israël contre « les intérêts de l'Iran » provoquerait « une réponse sévère, étendue et douloureuse » de son pays. Est-ce réellement possible ? Les réponses de Djamchid Assadi, professeur d'économie et de management à la Burgundy School of Business à Lyon et à Dijon.

Publié le 17-04-2024 par Jeanne Dussueil

LA TRIBUNE - 170 drones, 110 missiles balistiques, 30 missiles de croisière tirés depuis l'Iran dans la nuit du samedi 14 avril... La capacité d'armement de Téhéran interroge sur les effets réels des sanctions américaines imposées depuis 1979, date de la révolution iranienne et de l'arrivée du régime islamique. Ces sanctions sont-elles suffisantes ?

DJAMCHID ASSADI - Oui, certainement, elles ont été efficaces. Mais il est légitime de se demander pourquoi les sanctions des Occidentaux n'ont pas fait tomber le régime islamique. En réalité, ce ne sont pas des sanctions qui font tomber un régime politique, c'est toujours l'oeuvre d'une alternative politique. Le régime islamique s'est toutefois énormément affaibli. Pour preuve, dans les statistiques officielles, entre 1 et 2 Iraniens sur trois vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. Près de 50% des diplômés des universités sont sur le point de quitter le pays définitivement, selon un centre d'étude spécialisé en immigration qui s'apparente à l'université de Sharif (avant la révolution l'université Aryamehr). Ce centre a été toléré mais il subit des pressions aujourd'hui. Aussi, le rial (la devise nationale) s'est effondré. Au moment de la révolution islamique, il y a trente ans, le taux de change était à 70 rials contre 1 dollar. Aujourd'hui, le cours s'échange à 70.000 rials contre 1 dollar. Les sanctions se sont ajoutées à une économie déjà en faillite. L'Iran islamique a coupé les ponts avec l'économie mondialisée. Mais,

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