Un avenir de plus en plus incertain

Le groupe Manurhin, spécialisé dans la conception de machines de fabrication de munitions, vit des jours de plus en plus difficiles. Alors que, le 7 juin dernier, la firme a été placée en procédure de sauvegarde et que 120 salariés de son site de Mulhouse (sur 175 au total) ont été mis au chômage partiel début juillet, la situation ne semble pas s'améliorer, loin de là.

Hier soir, lors de l'assemblée générale de l'entreprise dirigée par Robert Nguyen organisée à son siège de Mulhouse (Haut-Rhin), la direction a fait état de l'impossibilité d'accéder à des prêts bancaires pour tenter de changer la situation de la firme fondée en 1919 et précédemment connue sous le nom de « Manufacture de machines du Haut-Rhin ».

Ces difficultés dureraient depuis « plus d'un an », comme le révèle un communiqué diffusé cette semaine, pour des raisons « administratives » imputables à Delta Defence, groupe slovaque d'armement actionnaire de l'entreprise française à hauteur de 34 %, qui a notamment refusé une augmentation de capital l'an dernier.

Une situation qui s'est largement aggravée en un an

Plus précisément, au printemps 2016, la Banque Populaire avait donné son « accord de principe » à un prêt, tandis que la Banque publique d'investissement Bpifrance avait demandé à connaître l'identité exacte des principaux actionnaires avant d'aller plus loin. Des éléments administratifs qui n'ont finalement jamais été fournis par Delta Defence et qui conduisent à « un ralentissement brutal de notre production, malgré un carnet de commandes très rempli », a regretté Rémy Thannberger, président du directoire.

L'entreprise française, seule à produire des machines de fabrication de munitions dans l'Hexagone et qui s'impose encore aujourd'hui comme étant le numéro un mondial en matière de fourniture d'équipements destinés à l'industrie munitionnaire, a vu son chiffre d'affaires chuter de moitié l'an dernier, pour atteindre 31 millions d'euros. En parallèle de cela, la direction a revendiqué une perte de 16,5 millions d'euros. Au départ, Manurhin produisait des machines destinées à l'industrie alimentaire et autres appareils de mesure, avant de se tourner vers les munitions et les activités liées aux armes à partir de 1922, pour finalement se reconvertir dans les machines de munitions à la fin des années 1990.