« L'Europe n'écoute pas les agriculteurs » (Christiane Lambert, présidente du Comité des organisations professionnelles agricoles)

Christiane Lambert FNSEA

ENTRETIEN - Selon l'ancienne patronne de la FNSEA, la fronde résulte d'une accumulation de mauvaises décisions.

Publié le 21-01-2024 par Giulietta Gamberini

Allemagne, Roumanie, Pologne... Les manifestations d'agriculteurs se multiplient en Europe depuis plusieurs semaines. Ont-elles des points communs ?

CHRISTIANE LAMBERT - Les éléments déclencheurs, ce sont souvent des décisions nationales, ou des conséquences locales du changement climatique : en Allemagne, des taxes sur le carburant et le machinisme ; en France, des restrictions phytosanitaires particulièrement dures ; en Irlande et aux Pays-Bas, la volonté gouvernementale de réduire les cheptels bovins ; en Italie et en Grèce, les inondations ; en Espagne, la sécheresse... Mais dans l'ensemble de l'Union européenne, depuis le Green Deal [le Pacte vert, proposé par la Commission européenne en 2019], les agriculteurs subissent la « méthode Timmermans » [du nom du premier vice-président de la Commission de l'époque], très descendante et donneuse d'ordres. On assiste à un empilement réglementaire : l'UE a voté une quinzaine de textes qui imposent de nouvelles contraintes aux agriculteurs. Cela vient s'ajouter aux conséquences de la crise sanitaire du Covid et puis de la guerre en Ukraine : les hausses des coûts de production et la perturbation des flux commerciaux, avec des pays comme la Roumanie et la Pologne inondés de blé ukrainien et d'autres, dans l'hémisphère Sud, confrontés à des famines qui engendrent des déplacements des populations vers le Nord. On est face à une déstabilisation complète, et les décideurs européens continuent d'avancer comme si de rien n'était ? L'agri

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