Inflation : « Si la BCE augmente ses taux, cela ne changera rien » (Grégory Claeys)

Gregory Claeys

ENTRETIEN. L'écart de taux entre les économies de la zone euro inquiète la Banque centrale européenne (BCE), alors qu'elle s'apprête à lancer un nouveau cycle de hausse des taux en juillet. L'institution a annoncé vouloir se doter d'un outil "anti-fragmentation" pour améliorer la transmission de sa politique monétaire à l'ensemble des États-membres. Quel pourrait-il être dans le contexte actuel? Grégory Claeys, co-auteur d'une note du think tank Bruegel : "Un nouvel outil européen pour faire face à la hausse injustifiée des écarts de taux" (1), esquisse les contours d'un tel instrument et les conditions de sa mise en place. Il s'agit d'une version abrégée d'un rapport préparé à la demande de la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

Publié le 23-06-2022 par Robert Jules

LA TRIBUNE - La semaine dernière, la BCE a tenu en urgence une réunion, justifiée par une forte hausse des taux la veille, notamment italiens et espagnols. Selon vous, a-t-elle cédé à la panique?

GRÉGORY CLAEYS - Non, cette réunion était nécessaire car les taux italiens s'écartaient des taux allemands à des niveaux inédits depuis 2018, augmentant le risque de fragmentation. Mais à l'époque, la situation était différente. Il y avait de fortes tensions entre le gouvernement formé par la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles et les autres États-membres européens. Les marchés financiers voyaient un risque de sortie de l'Italie de la zone euro. Cela n'a rien à voir avec le gouvernement pro-européen de Mario Draghi.

Mais la réunion a plutôt été maladroite en termes de communication,  pour deux raisons. Tout d'abord, les membres du Conseil de la BCE auraient dû discuter de ce sujet lors de leur dernière réunion qui s'était tenue la semaine précédente. Ils savaient que les marchés s'inquiétaient d'un risque de fragmentation après l'annonce de la fin du programme de rachats d'obligations et du cycle de hausse des taux. Ensuite, ils ont indiqué, à la suite de leur réunion d'urgence, qu'ils n'avaient pas encore pris de décision et qu'ils chargeaient les comités de l'Eurosystème d'une réflexion sur une solution pratique,en ajoutant qu'à court terme, la BCE pourrait réinvestir l'argent des titres d'obligations qui arrivaient à échéance dans les prochains mois dans l'achat des dettes de

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