Vega : « Trois échecs depuis VV15, c'est totalement inacceptable » (Daniel Neuenschwander, ESA)

Daniel Neuenschwander Agence spatiale européenne ESA Vega Arianespace

Dans une interview exclusive accordée à La Tribune, le directeur du transport spatial de l'ESA Daniel Neuenschwander revient en détail sur les points clés du retour en vol des lanceurs italiens Vega et Vega-C, qui pourrait revoler respectivement à la fin de l'été 2023 et à la fin de l'année. Un retour en vol qui va s'accompagner d'un contrôle drastique du retour en vol de Vega, puis ses trois prochains vols de Vega-C. Pour Daniel Neuenschwander, la question clé de la robustesse des lanceurs européens, « c'est une question de pouvoirs et de contre-pouvoirs et la manière dont on peut contrôler le maître d'oeuvre ».

Publié le 13-03-2023 par Propos recueillis par Michel Cabirol

La Tribune : Avio a-t-il pris trop de risques en sélectionnant Youjnoye, un fournisseur ukrainien ? Quelle est votre analyse ?
Daniel Neuenschwander : Avio, en étant autorité de design sur le lanceur Vega-C, décide comment il souhaite mettre en place son organisation industrielle, y compris le choix de ses sous-traitants. Moi, je tiens à souligner deux choses. Un, l'ESA n'a pas formellement, dans le cadre de cette gouvernance, à endosser ces choix. En revanche, nous avons, dans le choix de certains matériaux, identifiés les risques et émis des recommandations. Et dans le cas précis de cette pièce, les risques ont été jugulés à l'issue des essais exigés qui ont été menés sur le matériel concerné (le col de tuyère) en carbone/carbone. Nous étions chacun parfaitement dans notre rôle lorsque Avio a décidé de sélectionner ce col de tuyère en composite carbone/carbone pour le Zefiro 40 auprès de Youjnoye.

Certains experts ont estimé qu'Avio avait contrevenu au principe de retour géographique...
Les règles d'approvisionnement de l'ESA ont été respectées. Cela dit, il est clair que nous veillons à maximiser les investissements de nos États participants dans le programme Vega-C, comme d'ailleurs c'est le cas dans les autres programmes de l'ESA, dans l'industrie de nos états participants. Il est toutefois aussi évident que cela ne peut pas être toujours le cas. Si l'industrie de nos États membres de l'ESA n'a pas une pièce à un moment précis, on va la chercher là où on peut la trouver. J

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