Un mois après le rachat, la rédaction des Cahiers du cinéma démissionne

Un mois après le rachat, la rédaction des Cahiers du cinéma démissionne

Quelques semaines après le rachat de la revue par un groupe d'investisseurs, la rédaction des Cahiers du cinéma a annoncé sa démission collective.

Publié le 28-02-2020 par Esther Buitekant

Une liberté d'expression menacée


'La rédaction a décidé de quitter les Cahiers du cinéma. Les journalistes salariés prennent la clause de cession, clause de conscience protégeant le droit du journaliste lors du changement de propriétaire d'un titre.' C'est par ces mots que l'ensemble de la rédaction des Cahiers du Cinéma, revue emblématique fondée en 1951 par André Bazin, a annoncé sa démission collective. Un coup de tonnerre, moins d'un mois après l'annonce de son rachat par un collectif d'hommes d'affaires parmi lesquels le fondateur de Free, Xavier Niel, le patron d'Altice France Alain Weill mais aussi les producteurs Pascal Caucheteux ou Christophe Barral, qui a récemment produit Les Misérables. Une arrivée qui a immédiatement suscité la crainte du conflit d'intérêt. 'Quels que soient les articles publiés sur les films de ces producteurs, ils seraient suspects de complaisance' expliquent les journalistes dans le communiqué publié le 27 février. Ils ont également réagi à la nomination de Julie Lethiphu, déléguée générale de la SFR (Société des réalisateurs de films) au poste de directrice générale, ajoutant 'aux crainte d'une influence du milieu du cinéma français'.


Une direction trop proche du pouvoir 


Les journalistes, le rédacteur en chef adjoint Jean-Philippe Tessé en tête, ont dénoncé le double discours tenu par les nouveaux propriétaires : 'La charte d'indépendance annoncée d'abord par les actionnaires a déjà été contredite par les annonces brutales dans la presse. Il nous a été communiqué que la revue devait se recentrer sur le cinéma français'. Pour les Cahiers du cinéma, revue toujours très marquée à gauche, la présence 'd'hommes d'affaires proches du pouvoir" est un obstacle à la liberté d'expression. 'Alors que la presse a été rachetée par les grands des télécoms, et les patrons de Meetic, de Free, de BFM jouent aux business angels, nous refusons cette concentration dans les mains des mêmes de titres jadis libres' ont-ils fait savoir.

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