« Tous les acteurs qui travaillent sur la navette autonome se sont trompés », selon Gilbert Gagnaire (EasyMile)

Gilbert Gagnaire

ENTRETIEN. Quelques jours après le placement en redressement judiciaire de son concurrent lyonnais Navya, Gilbert Gagnaire, le président du fabricant toulousain de véhicules autonomes EasyMile, décrypte pour La Tribune les défis que traverse la filière de ce secteur à forte consommation de cash, et explique l'impossibilité, pour les constructeurs de navettes autonomes dédiées au transport de passagers, de mettre en place un modèle économique réaliste. Il donne rendez-vous en 2026 avec un nouveau véhicule pour adresser à nouveau ce marché. D'ici là, il compte sur le virage industriel donné à EasyMile pour atteindre la rentabilité avec son tracteur de marchandises autonome déjà en service chez certains constructeurs automobiles et de camions. Une opportunité stratégique qu'avait écarté Navya, selon lui.

Publié le 08-02-2023 par Pierrick Merlet

LA TRIBUNE- Votre concurrent lyonnais Navya a été placé en redressement judiciaire début février. N'est-ce pas un mauvais signal envoyé aux acteurs de la mobilité autonome, qui imaginaient cette technologie comme facilement "scalable" et déjà maîtrisée ?

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GILBERT GAGNAIRE- Cela envoie un mauvais signal à ceux qui pensent qu'il est facile développer des véhicules autonomes c'est facile et que cela peut scaler (grandir en se dupliquant) demain. Sur les uses cases (les cas d'usages) visés, à savoir les robots taxis autonomes, c'est très loin et cela coûtera très cher. Quant à la desserte du dernier kilomètre, imaginée par Navya et EasyMile, ce n'est pas simple et il y a de bonnes raisons techniques de penser qu'il n'y aura pas de marché scalable* sur le transport de personnes en navette autonome avant 2026 voire 2027.

Selon nos informations, vous avez acté « la fin de vie » de votre navette d'origine sur le transport de personnes et vous travaillez d'ores et déjà avec des constructeurs pour une nouvelle version. Le véhicule en lui-même est-il l'un de ces freins techniques ?

Tous les investisseurs dans la mobilité autonome font consensus sur un point : ils ont besoin d'un véhicule de six mètres et non de quatre comme c'est le cas aujourd'hui car actuellement le coût de transport par passager n'est pas tenable économiquement. Avec une navette de six mètres de long, nous pourrons mettre

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