Séisme au Maroc : « Contrairement aux architectures en béton armé, les constructions en pisé pourront être réparées » (Salima Naji, architecte)

Salima Naji

ENTRETIEN. Salima Naji, architecte et anthropologue, a pu se rendre dans les zones sinistrées pour évaluer les dégâts causés par le séisme du 9 septembre. Elle explique pour La Tribune l’enjeu de la reconstruction qui doit à la fois permettre de reloger au plus tôt les populations locales tout en prenant en compte la spécificité de l’architecture locale ainsi que les normes anti-sismiques. Elle revient également sur les raisons de la résilience du pays qui accueille dès ce lundi à Marrakech quelque 14.000 participants aux assemblées générales de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

Publié le 07-10-2023 par Robert Jules

LA TRIBUNE - La reconstruction des habitations dans les zones montagneuses de l'Atlas, où le bilan humain a été le plus élevé, nécessite d'intégrer des normes anti-sismiques mais aussi, selon le Roi, de réaliser ces travaux « en harmonie avec le patrimoine de la région et qui respecte ses caractéristiques architecturales uniques ». Comment voyez-vous un tel chantier ?

SALIMA NAJI - Le principe des instructions royales est de répondre à la fois aux normes climatiques et parasismiques : c'est pour cela que les matériaux locaux sont souverains. Dans le Haut-Atlas, nous avons la chance d'avoir une architecture millénaire qui résiste à l'imposition des techniques importées et mal maîtrisées du béton armé. Cette architecture de « collecte » est construite avec les matériaux à disposition (pierre/terre/bois) et est adaptée au milieu : chaude l'hiver malgré la neige, fraîche l'été malgré la canicule. Cette architecture est durable, elle n'impacte pas l'environnement et il y fait bon vivre.

En outre, les techniques historiques mobilisant pierre, terre et bois sont tout à fait compatibles avec la prise en compte du risque sismique. La question est le respect de mises en œuvre spécifiques qui permettent au bâtiment de tenir face à la secousse sans s'effondrer brutalement. La législation parasismique en vigueur au Maroc intègre ces matériaux, il suffit de l'appliquer.

Je dirige, depuis les études entamées en 2017, le chantier de la reconstruction de la forteresse d'Agadir détruite en 196

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