Croissance et procédure de sauvegarde

A deux doigts de mourir faute de trésorerie cet été, la petite start-up française Qobuz continue de résister encore et encore aux poids lourds du streaming que sont Deezer, Spotify, Beats ou Rhapsody. Sa procédure de sauvegarde, prononcée mi-août, va être prolongée, mais cela n'empêche nullement le chiffre d'affaire de l'entreprise de progresser : il s'élève à 5,2 millions d'euros à la fin du troisième trimestre 2014, contre 3,6 millions à la même période de 2013. En outre, le troisième trimestre a vu les ventes progresser de 72%. Ces bons résultats sont en partie à mettre au crédit de l'ouverture de Qobuz à l'international, où la jeune pousse réalise maintenant 35% de son chiffre d'affaires, principalement au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Se préparer à l'arrivée des géants

Cette forte croissance, malgré la procédure de sauvegarde, nécessite de nouveaux investissements, notamment pour se préparer à l'arrivée sur le marché déjà encombré du streaming de deux géants du Web, Google, qui a lancé son offre payante Youtube le 12 novembre, et Apple devrait  intégrer en mars 2015 Beats directement à son système d'exploitation pour tablettes et smartphones iOS. Le soutien affiché par les maisons de disques majeures et les labels indépendants ne sera peut-être pas suffisant pour y résister.

 Il est donc urgent pour Qobuz de se consolider, et de mieux se positionner pour faire entendre sa voix.

Un positionnement haut de gamme, fondé sur la qualité du son

Sur le plan du positionnement, Yves Riesel a justement choisi l'originalité du haut de gamme et de la qualité technique. Convaincu qu' « un jour, les usagers recevront la musique chez eux comme ils reçoivent déjà l'eau, le gaz et l'électricité », il souhaite se détacher remonter en tête du peloton en proposant une offre haut de gamme de diffusion en qualité supérieure. Porposant déjà des téléchargements en 16 bits, il vient de lancer une nouvelle application mobile qui propose des téléchargements illimités en 24 bits pour 219 euros par an, moins si l'on s'abonne au service de streaming. L'argument de la qualité a déjà séduit des industriels du son, comme Harman Kardon, Sony, ou Parrot, ainsi que les maisons de disques. Mais cette offre saura-t-elle séduire les jeunes, pour qui la gratuité prime souvent sur l'exigence de qualité ?