« PSA et Renault renouent avec le management du sérail, mais sans renoncer à sa financiarisation »

Jean-Christophe Scilien, Université de Paris Nanterre, CEROS

ENTRETIEN. L'arrivée de Luca de Meo à la tête de Renault en juillet confirme, après la nomination de Carlos Tavares à la tête de PSA en 2014, que l'industrie automobile française a retrouvé les vertus de patrons issus de l'univers automobile. Elle referme ainsi une parenthèse enclenchée en 1984 et qui avait permis l'accession aux responsabilités de financiers. Pour autant, les stratégies mises en place resteront fortement empreintes de considérations financières, parfois au détriment du produit et de la culture de marques. Jean-Christophe Scilien, enseignant-chercheur à l'Université de Paris Nanterre (Centre d'études et de recherches sur les organisations et la stratégie, CEROS) a défendu une thèse sur la restructuration de l'industrie automobile.

Publié le 26-05-2020 par Nabil Bourassi

LA TRIBUNE - L'industrie automobile française a vécu ces dernières années d'importants mouvements managériaux qui s'inscrivent en rupture avec ce qu'elle avait pris l'habitude d'engager. Si on se place dans une perspective historique et gestionnaire, peut-on parler de la fin d'un cycle ?

JEAN-CHRISTOPHE SCILIEN - Le point de départ de ma réflexion, c'est la compréhension du processus de succession managériale, au travers de la « règle du dauphin ». C'est une règle qui avait notamment cours dans l'industrie automobile française jusqu'en 1984, et qui semble aujourd'hui renaître sous une forme, certes différente, mais qu'il reste néanmoins intéressante à caractériser. D'un point de vue historique, le choix du dauphin impliquait de régler la succession du PDG par un processus interne. Si on analyse les trajectoires individuelles des PDG de PSA ou Renault jusqu'en 1984, ils avaient en moyenne 23 ans de maison avant leur nomination (en excluant les dirigeants issus de la famille du fondateur). En 1984, c'est une rupture historique dans cette culture managériale puisque, successivement, le patron de PSA, Jean-Paul Parayre en septembre 1984, puis celui de Renault, Bernard Hanon en janvier 1985, doivent céder leur place à des personnalités ne disposant pas d'une connaissance forte du produit automobile. Plus encore, dont l'expérience est extérieure à cette industrie, puisque Georges Besse (Renault) avait dirigé la Cogema et Péchiney, et Jacques Calvet (PSA) venait de la BNP. Ce dernie

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