Pour ou contre : faut-il taxer les superprofits ? (Henri Sterdyniak face à Agnès Verdier-Molinié)

Henri Sterdyniak et Agnès Verdier-Molinié.

LE DÉBAT DE LA TRIBUNE - Certaines multinationales affichent des profits colossaux, catapultés par l'inflation. Dans le même temps, l'Etat distribue massivement des aides pour atténuer l'effet de l'inflation sur les ménages. Avec, à la clé, une ardoise en dizaines de milliards d'euros pour les finances publiques. Une partie de la classe politique française, davantage à l'extrême-gauche mais aussi dans la majorité, considère qu'il serait justifié de mettre en place un impôt exceptionnel sur ces « superprofits ». Le Sénat se penche depuis lundi sur le sujet à l'occasion du vote de la loi « pouvoir d'achat ». Une telle taxe a-t-elle un sens contre l'inflation ? Quelle est sa véritable vocation : punir les entreprises qui « profitent » de la crise ou aider l'Etat ? Mais est-il vraiment pertinent de combler le déficit public par une taxe sur les superprofits ? Deux personnalités du monde économique exposent leurs avis (divergents) : Agnès Verdier-

Publié le 02-08-2022 par Paul Marion

Tout s'est joué à huit voix près. 114 voix contre et 96 voix pour. Fin juillet, le projet d'amendement soutenu par la Nupes et le RN d'une taxe sur les superprofits a été rejeté de justesse à l'Assemblée nationale dans le cadre de l'examen de la loi « pouvoir d'achat ». L'amendement prévoyait d'imposer une « taxe exceptionnelle de 25% » sur les « bénéfices exceptionnels » des fournisseurs d'hydrocarbures, des prestataires de transport maritime ou encore des concessionnaires d'autoroutes.

Pour autant, ce premier échec parlementaire n'éteint pas le débat autour d'une taxe temporaire des superprofits. La question plane encore dans l'air du temps, particulièrement en cette période de résultats financiers du premier semestre. Un cru remarquable pour plusieurs grands groupes français dont le cas emblématique TotalEnergies et ses 5,7 milliards d'euros de profits en six mois, deux fois plus qu'à la même période en 2021. Le géant énergétique profite à plein de l'envolée des cours de l'énergie.

En réponse et (surtout) sous pression du gouvernement, TotalEnergies a fait un geste en accordant une réduction du prix à la pompe dans toutes ses stations jusqu'à la fin de l'année. Insuffisant pour enrayer la controverse autour de ses profits. Jusqu'à présent, le gouvernement Borne défend les initiatives librement consenties par les entreprises comme TotalEnergies en faveur du budget des ménages plutôt qu'un nouvel impôt, même si certaines figures de la majorité comme le député Sacha Houlié so

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