Un Comex de rupture

Après une gestation de sa stratégie seul aux commandes du groupe pétrolier français, Patrick Pouyanné vient de procéder à un remaniement d'ampleur du comité exécutif. Le départ de Thierry Desmarest en janvier lui a donné les coudées franches pour s'entourer de nouvelles têtes, là où son prédécesseur avait fait le choix de la continuité après le décès accidentel de Christophe de Margerie. Sous l'ère Desmarest, en effet, seul Philippe Sauquet avait fait son apparition au Comex.

Patrick Pouyanné, lui, semble plutôt vouloir être un président de rupture, voire un adepte de la disruption. En effet, le nouveau patron de Total a nommé deux étrangers, dont une femme, dans le nouveau comité exécutif, et recruté un homme à l'extérieur du groupe. Ainsi, sur les sept membres que compte le Comex du géant français du pétrole et de l'énergie, seuls deux étaient déjà présents à l'époque de Christophe de Margerie : Patrick de La Chevardière, le directeur financier, et Arnaud Breuillac, le patron de l'exploration-production.

Nouvelles têtes pour enjeux nouveaux

Parmi les nouveaux venus, on compte donc une femme, qui est également étrangère. Il s'agit de Namita Shah, indienne, qui prend en charge le Secrétariat général et la Direction des ressources humaines. L'autre étranger est un Sénégalais, Momar Nguer, qui va prendre la place de Philippe Boisseau à la Direction marketing-services. Le troisième, celui qui vient de l'extérieur, n'est toutefois pas complètement étranger à la grande maison. Il s'agit en effet de Bernard Pinatel, le patron de Bostik, l'ancienne filiale spécialisée dans les adhésifs que Total a cédée à Arkema.

Tous ces changements témoignent d'une réelle volonté de rupture et de transformation de l'entreprise, à un moment où elle se trouve à un tournant stratégique. En effet, le nouveau plan stratégique prévoit de se développer dans de nouveaux métiers, et notamment ceux liés à l'électricité. Une révolution pour un groupe dont le savoir-faire a toujours été dans le secteur des hydrocarbures.