Mourir peut attendre

Fête des morts, Day of the Dead, Mexique,

HOMO NUMERICUS. La fragilité de la vie et la finitude humaine sont remises en cause par des idéologies qui s'appuient sur les avancées des nouvelles technologies. Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.

Publié le 01-11-2022 par Philippe Boyer

Aux États-Unis, la marque Liquid Death[1] (« Liquide mortel ») fait un malheur. Pour cette start-up californienne créée en 2019 et déjà valorisée 700 millions de dollars, il s'agit tout simplement de vendre de l'eau plate dans des canettes en aluminium. Dépassant ce paradoxe que de promouvoir une boisson saine dans un emballage polluant, Liquid Death a acquis sa notoriété fulgurante sur l'idée de « tuer la soif ».

Dans une sorte de revival californien de « memento mori », formule du christianisme médiéval enjoignant aux fidèles de se rappeler que nous sommes tous mortels, le marketing décalé de Liquid Death fait mouche : la mort est tournée en dérision car, c'est bien connu, l'eau c'est la vie.

Coup de génie marketing de cette marque consistant à transgresser le tabou millénaire de la mort en ressuscitant le mythe de la fontaine de jouvence, celle-ci désormais à consommer en canettes pour la modique somme de 15 dollars le pack de douze... Mortel !

Soigner la vieillesse et tuer la mort

Est-ce un hasard si Liquid Death est née en Californie ? Sans doute pas car c'est dans cet État que s'est épanouie l'idéologie de cet « humain augmenté » qui professe que, par les avancées de la génétique et des nouvelles technologies, il serait possible de repousser l'âge de la mort, voire, promesse et délire ultimes, rien moins que la faire disparaître.

Du côté de San Francisco, les thuriféraires de ce rêve transhumaniste sont connus : Raymond Kurzweill, chercheur au MIT et conseiller chez Goo

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