Motion de défiance contre la direction de SFR
Le comité central d'entreprise de l'opérateur téléphonique SFR a adopté une motion de défiance contre la direction, signe d'un évident malaise face à la réorganisation actuelle du groupe.
Publié le 04-12-2017 par Laurent Baquista
Un texte sans concession
Dimanche soir, par un communiqué de presse, le comité central d'entreprise de SFR Group a fait savoir qu'il avait adopté une motion commune votant la défiance vis-à-vis de la direction, et notamment du nouveau président-directeur général de l'opérateur téléphonique, Alain Weill. Ce communiqué au vitriol, intitulé « Y a-t-il encore un pilote dans l'avion ? » et daté du 29 novembre, a été adressé hier soir à nos confrères de l'agence France-Presse, qui s'en sont immédiatement fait l'écho.
Dans ce communiqué, le comité central d'entreprise de SFR commence par rappeler les conditions de la nomination d'Alain Weill, intervenue dans un contexte difficile de réorganisation et de restructuration et destinée à améliorer la rentabilité de l'opérateur en dépit de la récente fuite massive des clients : « Vous êtes nommé en qualité de PDG de SFR Group dans un contexte particulièrement délétère, s'agissant tant des salariés que de la ligne managériale », rappelle ainsi le comité central d'entreprise en des termes très durs et peu amènes. Globalement, les syndicats représentant les personnels au sein du comité central d'entreprise déclarent être « particulièrement dubitatifs quant à l'usage de cette arme à un coup que constitue cet énième changement de gouvernance ».
Weill et Drahi visés
En effet, la nomination d'Alain Weill, fondateur du groupe NextRadio TV devenu ensuite patron de la division Médias de SFR, puis de l'ensemble du groupe, est intervenue à la demande de Patrick Drahi, alors que « des réorganisations d'ampleur ont lieu en interne sans aucune consultation préalable des instances ». Ces réorganisations, selon le comité central d'entreprise, ont occasionné « un véritable mal-être chez les salariés et causé une hémorragie de départs ».
Pour les instances représentatives des salariés de SFR Group, « le délicat exercice du management de compétences de haut niveau en univers complexe ne saurait en aucun cas être confondu avec l'exécution aveugle de décisions brutales, imposées par un chef de chantier autoritaire, aussi talentueux soit-il par ailleurs ».
Derrière Alain Weill, c'est aussi Patrick Drahi lui-même qui est visé. Le texte de la motion indique d'ailleurs que ce dernier « doit comprendre qu'on ne gère pas un groupe de dizaines de milliers de salariés comme une PME de 2 000 salariés ! ».
Revenir aux fondamentaux ?
En pleine tempête boursière due aux doutes formulés par les investisseurs sur la colossale dette d'Altice, la maison mère de SFR Group, Patrick Drahi doit ainsi faire face à un nouveau front, celui de la révolte interne des salariés contre les méthodes de management autant que contre la stratégie elle-même, une stratégie qui n'hésite pas à détruire l'entreprise pour générer des profits pour les actionnaires. C'est contre cette tendance que les instances du comité central d'entreprise réclament « que des investissements sérieux aient lieu sur le service aux clients, l'amélioration du réseau et la prospection commerciale ».
De retour aux commandes d'Altice, Patrick Drahi a-t-il compris le message et combien la crise pouvait être grave ? Peut-être. En effet, dans une lettre adressée aux managers de SFR Group ce week-end, Patrick Drahi a déclaré : « nous devons concentrer nos efforts sur ce qui fera la différence, les actions les plus concrètes jusqu'au moindre détail, pour améliorer la vie de nos clients ». Cet apparent retour aux fondamentaux d'une entreprise est peut-être le signe qu'il se souvient enfin qu'un opérateur téléphonique vit au quotidien grâce à ses clients et pour eux, et non pour ses actionnaires.
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