« Les Gilets jaunes peuvent resurgir » (Jérôme Fourquet, Ifop)

Jérôme Fourquet.

ENTRETIEN - Il y a cinq ans, les manifestants s’emparaient des ronds-points. Pour le politologue et sondeur Jérôme Fourquet, les ferments de la colère restent présents aujourd’hui.

Publié le 19-11-2023 par Nicolas Prissette

Le 17 novembre 2018, près de 300 000 personnes se rassemblent sur les ronds-points pour protester contre la surtaxation des carburants. Le mouvement des Gilets jaunes commence. Il va ébranler le pouvoir et changer les règles de la contestation sociale. Cinq ans plus tard, où en est-on ?

En repensant à ce qui s'est passé en 2018, on a le sentiment que ce type d'éruption contestataire peut se reproduire...

Oui. Les ferments de la crise sont toujours présents. D'abord, le prix des carburants. En novembre 2018, le gazole était à 1,40 euro le litre. On est aujourd'hui aux alentours de 2 euros. Ensuite, le mal-être du bas de la classe moyenne, notamment dans les zones périurbaines et rurales, n'a pas changé. C'est le sentiment que, bien qu'en travaillant, on n'arrive plus à se conformer aux standards de la société de consommation. Une des phrases que nous avons le plus entendues sur les ronds-points était : « Je travaille, ma femme également et une fois qu'on a tout payé, il ne reste rien. » C'est l'incapacité pour ces salariés, indépendants ou retraités de dégager un budget pour des petits extras, un cinéma ou un restaurant de temps en temps, ou partir en vacances. La crise inflationniste actuelle a aggravé la situation. Près de 40 % de la population a réduit les portions servies à table.

Dans les ferments, subsiste-t-il l'idée que les responsables politiques sont trop loin de la vie quotidienne ?

Bien sûr. Le sentiment d'être des invisibles demeure. Alors même que la société cons

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