Les entreprises énergo-intensives prêtes à financer une tranche du futur nucléaire en échange d'une capacité d’électricité réservée (Nicolas de Warren, Uniden)

Nicolas de Warren, Uniden

ENTRETIEN – Frappée de plein fouet par la flambée des prix de l’énergie qui représente entre 10% et 60% de leurs coûts de production, la majorité des industries grandes consommatrices ont plié mais n’ont pas rompu. Dans une interview accordée à La Tribune, Nicolas de Warren, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden), demande une réforme structurelle du mode de formation des prix de gros de l’électricité en Europe pour les stabiliser à un niveau compétitif par rapport au reste du monde. Un outil indispensable, selon lui permettre la décarbonation des procédés d'ici à 2050. Il demande par ailleurs que les entreprises les plus électro-intensives obtiennent à nouveau des contrats d'électricité de long terme assis sur le parc nucléaire. A terme, ces contrats pourraient « intégrer une partie du financement d'une tranche du futur nouveau nucléaire en contrepartie d'une capacité réservée ».

Publié le 13-01-2023 par Maxime Heuze

LA TRIBUNE -  En 2022, les entreprises énergo-intensives ont été frappées de plein fouet par la flambée des prix de l'électricité dont les prix ont grimpé jusqu'à 1.000 euros le mégawattheure (MWh) contre moins de 100 euros en 2021. Quel bilan tirez-vous de cette année extraordinaire ?

NICOLAS DE WARREN - Le poids de l'énergie pour les entreprises énergo-intensives représente entre 10 et 60% des coûts de production. Dans la production d'aluminium, de chlore ou d'ammoniac, par exemple, l'énergie issue souvent d'électricité ou de gaz représente 60 à 80% des coûts variables et 60% des coûts de production. Problème, en 2022 les prix de l'électricité et du gaz ont explosé. Concernant le gaz, les stratégies de couverture varient en fonction des modèles d'affaires et des choix d'entreprise. Avec des prix très élevés entre 150 et 200 € le MWh, certains acheteurs ont pu fractionner leurs achats à terme par lots, de 10 ou 15% par exemple, pour essayer de profiter d'éventuelles opportunités baissières. Concernant l'électricité en revanche, pour la partie non couverte par l'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH) à 42 euros le MWh, les acheteurs ont dû se couvrir dans des conditions très défavorables fin décembre mais certains ont pris le risque de ne pas se couvrir intégralement vu le niveau très élevé des cours. Tout est question de perception fine et d'analyse des micro-signaux de marché, mais la couverture à terme est loin d'être une science exacte !

Toujours est-il

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