Le Délégué général pour l'armement (DGA) : un équilibriste dans des temps incertains

Alexandre Papaemmanuel SSA Service de santé des armées

La nomination cet été du nouveau Délégué général pour l'armement (DGA) Emmanuel Chiva s'inscrit dans un héritage de réforme permanente afin de trouver le meilleur équilibre entre contrainte interne de l'outil industriel français, besoin des armées et contexte international. Elle laisse présager d'un changement de culture et d'un vent de réforme qui s'annonce. C'est pourquoi la reforme de cette administration cristallise, plus que les autres, les questionnements autour de la place que souhaite prendre l'État dans un monde aux équilibres contestés : un État stratège et visionnaire maître de son action ou une agence d'acquisition évaluée à sa capacité à engager des crédits en 12 mois ? Les travaux d'une nouvelle loi de programmation militaire devront aborder la transformation du modèle d'armée et répondre à l'urgence d'une révolution des programmes d'armement et des affaires militaires. Le DGA y trouvera donc une posture : alchimiste réformateur ou gestionn

Publié le 13-09-2022 par Alexandre Papaemmanuel

Du fait des nombreuses opérations extérieures (Apagan, Barkhane, Takuba, Sabre, Chammal, etc.) et intérieures (Sentinelle), l'outil militaire français est sous haute tension. Conscient de cet engagement hors normes, le ministre des Armées a confirmé que la trajectoire de la loi de programmation militaire (LPM) tiendra l'objectif des 50 milliards. En outre, sa gestion sera en grande partie assurée par la direction générale de l'Armement (DGA) qui engage, à elle seule, 16 milliards d'euros pour le programme équipement des forces (Programme 146) et plus d'un milliard pour les études amont dans le cadre du programme préparation de l'avenir (Programme 144).

Les dépenses françaises, dans un contexte où nos partenaires réinvestissent sous la menace d'un monde ne cessant de s'armer [1], posent la question de l'adéquation des programmes d'armement aux besoins opérationnels dans une économie de guerre qui impose aux industriels de défense compétitivité, résilience et agilité.

Vers un changement de culture

A la tête de cette administration stratégique, le Délégué général pour l'armement (DGA) est donc un personnage central : Jean-Yves Helmer (28 mars 1996 - avril 2001) dut apprendre à dépenser moins tout en changeant la culture de la DGA avec notamment une privatisation des arsenaux ; Laurent Collet Billon (28 juillet 2008 - août 2017) sut défendre les intérêts de la défense face aux réductions budgétaires, tout en exécutant son budget à l'euro près ; il a notamment porté des grands pro

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