Le CCE d'Air France tourne au pugilat

Le CCE d'Air France tourne au pugilat

Cette journée si importante pour Air France laissera des traces indélébiles et un goût amer. Le CCE a en effet été perturbé par l'irruption de salariés en colère, qui s'en sont pris physiquement à la direction d'Air France.

Publié le 05-10-2015 par Bertrand Dompierre

Réunion interrompue

 

Aujourd'hui, les syndicats d'Air France, par ailleurs à l'origine d'une grève, devaient enfin apprendre la teneur exacte du plan de sauvegarde de l'entreprise annoncé suite à l'échec des négociations avec les pilotes et leurs puissants syndicats, notamment le SNPL. Hélas, ils ne sauront pas aujourd'hui combien de postes devraient être supprimés, ni selon quelles modalités, et devront rester dans l'incertitude. Pour combien de temps? Personne ne le sait encore, puisque les négociations sont rompues, et que le CCE, subitement interrompu, ne reprendra pas aujourd'hui.

A l'origine de cette interruption, une irruption de salariés grévistes en colère dans la salle de réunion du siège d'Air France à Roissy, où se déroulait le Comité central d'Entreprise réunissant la direction de la compagnie aérienne française et tous les représentants syndicaux des différentes catégories de personnels : maintenance, personnels au sol, personnels navigants commerciaux et pilotes.

 

 

Des scènes d'une rare violence

 

A 10 heures le Comité Central d'Entreprise d'Air France a débuté depuis quelques minutes. La direction a commencé par rappeler la situation du groupe, par justifier son plan, puis aborde enfin le contenu de ce dernier et confirme les 2900 suppressions d'emplois d'ici à 2017. Ces suppressions devraient concerner 1700 emplois au sol, 900 personnels navigants commerciaux, et 300 pilotes. Mais la direction n'aura pas le temps d'aller plus loin dans son exposé. Autour de 10h30, plusieurs centaines de manifestants regroupés devant le siège social d'Air France à Roissy pénètrent dans le bâtiment et font irruption dans la salle où se tient le Comité Central d'Entreprise aux cris de « On est chez nous », « Juniac démission » et « Gagey dégage ».

Ce dernier va prendre les manifestants au mot et s'enfuir discrètement par une issue de secours. Mais Frédéric Broseta, le Directeur des Ressources Humaines, en plein exposé, ne pourra pas faire de même. Des manifestants se ruent sur lui et vont le malmener, lui arrachant sa chemise. Torse nu, il va devoir quitter les lieux protégé par des agents de sécurité, et escalader une clôture grillagée pour pouvoir se sauver. Pierre Plissonnier, Directeur d'Air France à Orly connaît le même sort, et quitte aussi les lieux en escaladant la barrière, chemise et veste de costume en lambeaux.

 

 

Des actions condamnées de toutes part

 

Depuis Tokyo où il est en voyage officiel, Manuel Valls s'est dit « scandalisé par les violences inacceptables auxquelles se sont livrés des manifestants en marge du CCE d'Air France ». De son côté, la direction d'Air France a annoncé qu'une « plainte sera déposée pour violences aggravées ». Le CCE n'a pas repris et ne reprendra pas aujourd'hui, et plusieurs représentants syndicaux qui y participaient ont également condamné ces violences, notamment la CFE-CGC, la CFDT, et Force Ouvrière.

Les dernières actualités