« La bio-inspiration implique de mettre de côté l’arrogance de l’humain » (Gilles Boeuf)

T15

Biologiste, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, président du Muséum d’histoire naturelle entre 2009 et 2015, ancien conseiller de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie, professeur invité au Collège de France sur la chaire « Développement durable », océanographe, spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité, Gilles Boeuf est aujourd’hui président de Ceebios, centre d’études et d’expertises en biomimétisme et président de la réserve naturelle de la Massane (Pyrénées orientales). Gilles Bœuf est l’un des ardents défenseurs du vivant et mieux, il préconise d’utiliser le biomimétisme pour s’inspirer du vivant afin de trouver des solutions innovantes et répondre aux enjeux posés par le réchauffement climatique. (Cet article est issu de T La Revue n°15 – « Sobriété, frugalité, ingéniosité : comment innover autrement ? »)

Publié le 15-07-2023 par Propos recueillis par David Medioni

Comment définiriez-vous le biomimétisme ?

Gilles Boeuf Le biomimétisme est la discipline qui consiste à aller chercher des idées dans le vivant et la nature pour trouver des solutions à nos problématiques actuelles notamment écologiques. Le vivant est une source d'inspiration colossale qui a plus de 4 000 millions d'années de recul. Le vivant est toujours là et il a subi de très nombreuses agressions : terre gelée, volcans en éruption, séismes, etc. Il a toujours réussi à s'adapter. En changeant. La leçon de cette observation du vivant est double : d'abord elle nous rappelle que l'on ne peut pas s'adapter sans changer et que les techniques issues du vivant sont durables.

Comment faire du biomimétisme une dynamique qui irrigue l'ensemble des activités humaines ?

G.B. Se mettre à la bio-inspiration implique de définitivement mettre de côté l'arrogance de l'humain. Si les arbres étaient vraiment idiots, ils ne seraient plus présents sur la surface du globe. Tous les êtres du vivant possèdent une forme d'intelligence. Ensuite, il convient de sortir de l'imprévoyance de nos activités et d'élaborer une véritable culture de l'impact. En clair, faire de cette culture de l'impact l'un des leviers, et des outils de nos prises de décision. Enfin, il faudra se départir de la cupidité de l'humain. Ce désir immodéré de richesses est l'un des éléments qu'il sera le plus dur à faire disparaître. Et pourtant, si nous n'y parvenons pas, alors le vivant dans son ensemble aura beaucoup de mal à

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