Climat hostile pour affaire sensible

C'est dans un climat délétère exacerbant les suspicions sur les produits étrangers que cette affaire Auchan s'est développée en Russie. Le pays exerce en effet un embargo sur les produits alimentaires des pays qui pratiquent à son égard des sanctions dans le cadre de la crise ukrainienne. Les produits saisis à la frontière ou dans les magasins ne sont plus maintenant seulement renvoyés vers leurs destinataires, mais spectaculairement détruits sur place, comme l'ont récemment été des tonnes de pêches européennes, de fromages lettons ou de viandes polonaises.

C'est dans ce contexte délicat que l'agence sanitaire russe Rosselkhoznadzor s'est livrée à une série de contrôles sur des produits fabriqués et vendus par le groupe de distribution nordiste, présent en Russie depuis 2002, où il compte 88 magasins. L'agence a alors accusé Auchan de ne pas respecter la réglementation en matière de dates de péremption et de traitement des déchets alimentaires, et, surtout, de commercialiser dans ses produits surgelés sous marque de distributeur, des mélanges de viandes de diverses origines sous des appellations frauduleuses de porc ou de boeuf haché.

Un nouveau scandale alimentaire ?

Auchan avait contesté le mode d'analyse des premiers prélèvements, mais la seconde vague de contrôles aurait révélé que 35 échantillons sur les 47 analysés ne respectaient effectivement pas la réglementation. Dans un communiqué, l'agence sanitaire russe a donc précisé qu'elle transmettait les résultats de ces analyses « à un tribunal en vue de suspendre les activités d'Auchan en termes de fabrication et vente de plats surgelés ».

Or, il se pourrait tout à fait que cette affaire ne soit pas simplement due aux circonstances politiques, mais constitue bel et bien un nouveau scandale alimentaire. En effet, le fournisseur attitré d'Auchan, la société Castel Viandes, a déjà été mis en examen pour tromperie aggravée, et révélée par Pierre Hinard, ancien cadre d'Auchan dans son livre Omerta sur la viande.