L'actionnaire majeur du Club Med a disparu

L'actionnaire majeur du Club Med a disparu

Le milliardaire Guo Guangchang, patron du groupe Fosun et désormais propriétaire du Club Med est introuvable. Il pourrait être détenu par la police dans le cadre d'un placement sous enquête, pour des faits de corruption.

Publié le 11-12-2015 par Aglaë Derouen

Disparition inquiétante 

 

Depuis hier midi, la 17e fortune de Chine, Guo Guangchang a disparu. Patron du groupe Fosun, et donc actionnaire majoritaire et contrôlant le Club Méditerranée, Guo Guangchang s'est toujours présenté comme le Warren Buffet chinois, empruntant au milliardaire américain ses méthodes d'investissement. Il a fait de son entreprise le groupe chinois le plus ouvert sur l'international : en dehors du voyagiste de luxe français, il possède aussi le Cirque du Soleil, est en partenariat avec le voyagiste britannique Thomas Cook, et détient de nombreuses participations dans des sociétés occidentales, dans le secteur de l'immobilier, de l'industrie pharmaceutique, ou de l'assurance.

Selon le magazine chinois d'investigation Caixin, le milliardaire chinois aurait été emmené par la police dans un aéroport de Shanghai, et il serait donc l'un de ces nouveaux « disparus policiers », que la police arrête discrètement dans le cadre des nombreuses enquêtes visant à éliminer la corruption dans l'économie chinoise.

En effet, deux éléments accréditent cette thèse : tout d'abord, la cotation de l'ensemble des titres de Fosun et de ses filiales a été suspendue à la Bourse de Hong Kong. Ensuite, l'agence de presse officielle chinoise Xinhua avait révélé en août dernier que Fosun faisait l'objet d'une enquête sérieuse, à la suite de révélations faites durant un autre procès pour corruption, le procès Wang.

 

 

 

Fosun, le mauvais choix du Club Med

 

Bien que les porte-paroles du groupe affirment que le groupe poursuit normalement ses activités, il s'agit pour le Club Med d'un coup dur. Après une bataille pendant près de deux ans pour imposer le rachat par Fosun, la direction du groupe de séjours de luxe doit se trouver fort embarrassée par cette disparition, et cette possible arrestation. En effet, le choix de Fosun impliquait celui d'une stratégie de développement en Asie, et en particulier en Chine. Ce schéma pourrait-il encore guider les investissements de l'entreprise, si le patron de Fosun se trouve interpellé dans le cadre de cette lutte anticorruption que l'on nomme en Chine, la « chasse aux renards »? En outre, cela va forcément réveiller les suspicions du personnel, qui n'a jamais vu d'un bon oeil le passage sous pavillon chinois. Cette disparition apporte la preuve que le choix par Henri Giscard d'Estaing de Fosun était à la fois une erreur, et une faute.

Le Club Med n'est pas la seule entreprise française à souffrir de cette « chasse aux renards ». Depuis juin 2015, Mike Poon, Président du consortium Symbiose qui a racheté à l'Etat français ses parts dans l'Aéroport de Toulouse Blagnac est lui aussi sorti des radars, et impliqué dans une vaste affaire de corruption impliquant sa société de leasing d'avions China Aircraft Leasing. De quoi faire réfléchir tous les industriels et décideurs français qui voient dans les alliances avec des groupes chinois une solution pour développer leurs affaires.

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