« L'accident du Rio-Paris a été une sidération totale » (Eric Schramm, ex-pilote et DG adjoint d'Air France)

Eric Schramm - ancien directeur général adjoint d'Air France

Commandant de bord chez Air France, Eric Schramm s'est vu confier une importante remise à plat de la sécurité des vols au sein de la compagnie nationale suite à la catastrophe de l'AF447, le crash d'un Airbus A330 dans l'Atlantique Sud avec 228 personnes à bord lors d'un vol Rio-Paris, le 1er juin 2009. Afin qu'une telle catastrophe ne se reproduis plus, il a mené le programme « Trajectoire », devenant successivement directeur général adjoint d'Air France en charge des Opérations aériennes en 2010, puis des Opérations et dirigeant responsable en 2015. Pour La Tribune, il a accepté de revenir sur cette période charnière et les dessous de ce chantier, lourd mais nécessaire pour que la compagnie ne revive plus un tel drame.

Publié le 08-10-2022 par Léo Barnier et Fabrice Gliszczynski

LA TRIBUNE - Pourquoi avoir lancé une transformation de la sécurité des vols Air France après l'accident du Rio-Paris, avant même les conclusions du rapport d'enquête du BEA ?

ERIC SCHRAMM - L'accident du Rio-Paris a été une douche froide, une sidération totale dans l'entreprise. J'ai alors été contacté par des pilotes pour créer un groupe de travail discret où nous avons essayé de réfléchir sur ce qu'était la sécurité des vols, comment elle était perçue à Air France, quelles étaient les pistes éventuelles d'amélioration. Nous avons fait un papier qui a été transmis à mon insu par un des membres du groupe au président d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, qui a orienté le dossier vers le directeur général Pierre-Henri Gourgeon. Ce dernier m'a convoqué en octobre 2009 pour mettre en place un groupe afin de réfléchir et moderniser la sécurité des vols d'Air France.

J'ai alors constaté plusieurs choses. Il y avait eu depuis plusieurs années une multitude d'incidents graves voire d'accidents. Tous ces événements étaient des précurseurs, il a fallu l'accident du vol à Toronto en août 2005 (sortie de piste d'un Airbus A340 qui se solda par la destruction de l'appareil et une douzaine de blessés graves, NDLR) pour faire réellement réagir la compagnie.

Elle a alors lancé la mission Colin (du nom de Jean-Michel Colin, cadre pilote qui présida cette mission, NDLR), qui a rendu un travail très intéressant avec trois idées fortes : impliquer, simplifier et donner du sens. Impliquer, par

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