Défendre les contrats de droit français

A première vue, cet appel à la grève pour le 4 juin ne paraît pas directement lié au dossier épineux de la SNCM, toujours en grandes difficultés et toujours sans repreneur officiel. Pourtant, cette mobilisation nous plonge au coeur d'un des problèmes centraux qui a mené la compagnie maritime là où elle se trouve, et qui est aussi directement lié à certaines hypothèses de reprise, notamment celle portée par Daniel Berrebi.

Défendre le "pavillon français premier registr"e, comme le souhaite la CGT, en appelant tous les marins des navires commerciaux et de pêche à la grève, cela signifie défendre des emplois protégés par les conventions collectives françaises et le droit social français, plus favorables aux salariés que les droits étrangers, ou même que le droit européen. Les contrats d'engagements maritimes de droit français sont en effet plus protecteurs, et plus stricts sur le plan des horaires et des conditions de travail, ainsi que de la rémunération.

Lutter contre le dumping social

Le droit européen favorise au contraire le recours à une main d'oeuvre étrangère meilleur marché, et à des sociétés de « manning », qui fournissent des marins étrangers aux compagnies. Pour les syndicalistes, cette pratique a permis à Corsica Ferries de pratiquer un dumping social qui est à l'origine des difficultés de la SNCM.

Ils craignent aussi, et surtout, que le repreneur éventuel qu'est Daniel Berrebi n'abuse, avec sa compagnie Baja Ferries, de contrats de droit européen ou étrangers. Cette crainte est notamment très forte pour les navires qui feront des liaisons avec le Maghreb, destinations que l'entrepreneur compte développer à l'avenir pour diversifier l'offre de la compagnie maritime et trouver de nouveaux débouchés. Les marins de la SNCM, ainsi que ceux de la Méridionale participeront à cette mobilisation, qu'ils espère suivie.