Fram va déposer le bilan jeudi

Fram va déposer le bilan jeudi

Suite au retrait d'HNA, Fram est condamné à déposer le bilan. La procédure sera enregistrée au Tribunal de Commerce de Toulouse jeudi prochain.

Publié le 27-10-2015 par Aglaë Derouen

Un groupe insolvable

 

Endetté, dépourvu de toute trésorerie, abandonné par le repreneur chinois HNA et son allié Selectour-Afat, l'inventeur des « vacances à la Framçaise » et l'un des grands promoteurs en France du tourisme de masse va devoir finalement déposer le bilan. Ce jeudi va se réunir le Comité d'Entreprise Extraordinaire, où les représentants des salariés seront informés du dépôt de bilan de l'entreprise, issue tragique, mais désormais inéluctable.

Créé en 1949, Fram aura, dans ses 66 ans d'existence, connu les fastes de la croissance et les affres d'une déréliction annoncée. Bien qu'il ait encore permis cette année à plus de 50000 personnes de voyager à l'étranger, ces dernières années ont été dramatiques pour le groupe, essentiellement à cause des querelles incessantes entre les actionnaires historiques. La faillite de Fram, c'est peut-être avant tout une histoire de famille, tout comme l'avait été son succès. Le capital du voyagiste toulousain est détenu à 40% par Marie-Christine Chaubet et sa fille, fille et petite-fille de Philippe Polderman, le fondateur du groupe, décédé en 2006. Le demi-frère de Mme Chaubet, Georges Colson, détient lui aussi 40% du groupe. Air France en possède 9%, et le reste appartient à des actionnaires proches de la famille, et qui ont aussi tendance à endosser les querelles au sein de la fratrie.

 

 

Dramatique mésentente entre les actionnaires

 

Car Marie-Christine et Georges ne sont d'accord que sur un point : être en désaccord perpétuel. Ces inimitiés familiales ont débouché sur de mauvais choix, des erreurs de stratégie, et ont contraint les Directeurs généraux à se succéder sans cesse. Aucun d'entre eux ne parvenant à assurer une médiation constructive entre les actionnaires, ils ont toujours fini par être sacrifiés sur l'autel des disputes entre les deux actionnaires de référence. Seul Antoine Cachin y était parvenu durant quelques années, avant de prendre, épuisé par cette situation insoluble, une retraite bien méritée.

Mais depuis son départ, les dissensions sont encore plus vives, au point de bloquer la situation, comme si chacun, plutôt que d'accepter de s'entendre sur une solution viable, avait préféré, enfant gâté du capitalisme, casser le jouet qu'ils se disputaient.

Ce sont les salariés de Fram qui vont les premiers faire les frais de ces enfantillages. Car, s'il existe une perspective de reprise pour le groupe toulousain d'agences et d'organisation de voyages, avec le groupe Karavel-Promovacances, cette dernière ne pourra se réaliser qu'aux prix d'un dépôt de bilan, et d'une réduction sensible du nombre de salariés au sein du groupe. S'il est prêt à injecter 50 millions d'euros pour relancer Fram, Karavel ne le fera pas sans tailler dans les effectifs. Pour la responsable CFDT de l'entreprise, Thouraya Ferchichi, la situation est désespérée : « Nous sommes très inquiets. Notre préoccupation, ce sont les salariés. Ils ont pour la plupart 10 à 20 ans de maison. C'est terrible ! Nous attendons maintenant jeudi » a-t-elle confié à nos confrères de La Dépêche du Midi.

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