États-Unis : la fin d’une illusion de toute-puissance

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OPINION. Les États-Unis se présentent encore comme la première puissance mondiale... La réalité est désormais toute autre : depuis plusieurs années, le pays subit un déclin relatif - lent mais inévitable. Par Manlio Graziano, Sciences Po

Publié le 02-08-2022 par Manlio Graziano

« Je ne veux pas de seconde place pour les États-Unis d'Amérique ». Cette simple phrase - prononcée avec éclat par Barack Obama lors de son premier discours sur l'état de l'Union, en janvier 2010 - résume en quelques mots l'horizon stratégique américain actuel.

Depuis des décennies, les États-Unis connaissent un déclin relatif, politique, intellectuel et économique, avec la perspective d'être un jour dépassés par une puissance rivale. Leur principal problème, cependant, n'est pas ce déclin relatif en lui-même, qui est un phénomène naturel, mais bien l'incapacité à le reconnaître, que ce soit par orgueil, par calcul électoral ou par simple ignorance.

En 1986, dans son ouvrage magistral The Rise and Fall of the Great Powers, Paul Kennedy expliquait que les grandes puissances émergent et tombent précisément à cause de leur croissance inégale : c'est donc la relation entre leurs différents taux de croissance qui, « à long terme », est déterminante.

Un déclin relatif et lent

À l'exception de quelques brèves périodes de récession, les États-Unis n'ont jamais cessé de croître. Depuis les années 1950 cependant, leur croissance est plus lente que celle de la plupart des autres pays du monde : ils connaissent donc un déclin relatif.

Entre 1960 et 2020, leur PIB réel (c'est-à-dire en dollars constants) a été multiplié par cinq et demi, mais, au cours de la même période, le PIB du reste du monde a été multiplié par huit et demi : ainsi, alors que l'économie américaine a continué à croîtr

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