EDF redonne vie à Framatome
EDF a rebaptisé Areva NP, acquise au 1er janvier, en lui redonnant son nom originel : Framatome.
Publié le 05-01-2018 par Guilhem Baier
Retour vers le passé
On a parfois besoin de revenir au passé pour retrouver ses racines. C'est précisément ce qu'Electricité de France vient de faire, quelques jours après avoir définitivement pris le contrôle d'Areva NP, la branche spécialisée dans les générateurs de vapeur, les cuves et les équipements des centrales nucléaires qu'EDF exploite. En effet, la première décision prise hier soir à l'issue d'une réunion du Conseil de Surveillance a été de rebaptiser Areva NP pour lui redonner son nom d'origine, Framatome.
En quelque sorte, c'est comme si le futur devait se nourrir d'un passé glorieux, celui qui évoque une filière nucléaire florissante, portée à bout de bras par l'État et la technostructure qui commençait à le constituer, et qui essaime sur le territoire national pour y construire jusqu'à 58 réacteurs chargés de donner à la France son indépendance énergétique grâce au « tout électrique » et au « tout nucléaire ».
Créée en 1958 par Schneider, Merlin Gerin et Westinghouse Electric pour exploiter la licence Westinghouse des réacteurs à eau pressurisée, Framatome incarne en effet les grandes heures de la nucléarisation de la France, et fixe donc un cap ambitieux à la nouvelle mouture de la filière nucléaire hexagonale. C'est sans doute ce qu'ont voulu Electricité de France, actionnaire à 75,5 % d'Areva NP, et ses partenaires, le français Assystem et le groupe nippon Mitsubishi Heavy Industries.
Gommer les traces noires
Sans doute s'agit-il aussi de faire oublier le nom d'Areva, géant mondial du nucléaire formé autour de la fusion de Cogema, Framatome et des activités industrielles du Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA). Cette entité, créée en 2001, porte en effet la marque d'une période faussement glorieuse avant devenir calamiteuse, suite à une gestion de plus en plus assurée par des énarques et de moins en moins par des ingénieurs issus de l'École Polytechnique, Centrale ou des Mines.
Ces dernières années, cette gestion a sapé la puissance de la filière nucléaire française avec ses incapacités à terminer des chantiers dans les délais, comme celui de l'EPR finlandais d'Olkiluoto, à tricher avec les contrôles qualité, comme dans l'usine Areva NP du Creusot, et aussi, dans le domaine de l'extraction du minerai, avec des pratiques contraires au respect le plus élémentaire des droits humains.
Ce changement de nom, ce retour aux origines avec Framatome, est donc en quelque sorte une remise à zéro des compteurs ou, plutôt, une volonté d'EDF de gommer un passé trouble pour valoriser un passé glorieux. Mais cela suffira-t-il à redonner à la filière nucléaire française un avenir ? La question reste entière quand on sait que cette dernière est prise dans le dilemme de la transition énergétique, qui devrait occasionner dans les décennies prochaines de nombreuses fermetures de centrales.
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