EDF enterre la loi sur la transition énergétique

EDF enterre la loi sur la transition énergétique

A l'occasion de la présentation des résultats d'Electricité de France, Jean-Bernard Levy, Président Directeur Général d'EDF a précisé qu'il ne prévoyait pas de fermer plus de deux réacteurs, remettant ainsi en cause l'application de la loi sur la transition énergétique.

Publié le 16-02-2016 par Guilhem Baier

Enterrement de première classe

 

Lors de la présentation des résultats d'EDF, Jean-Bernard Levy a insisté sur l'épineuse équation financière de son groupe, mais surtout a divulgué une information sur les intentions futures de l'énergéticien français qui laisse augurer le début d'un bras de fer avec le gouvernement sur la loi de transition énergétique.

En effet, Jean-Bernard Lévy a indiqué qu'EDF n'avait aucune intention de fermer plus de deux réacteurs nucléaires durant les 10 ans à venir : « Nous n'avons pas prévu, en liaison avec l'Etat, compte tenu des besoins en électricité des Français, de fermer d'autres réacteurs que les deux qui seront fermés », a-t-il déclaré. Autrement dit, à part les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim, aucun autre réacteur ne devrait être démantelé. Ce qui, tout bonnement, contrevient aux engagements prévus dans la loi de transition énergétique, qui prévoit de ramener la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique français.

 

 

 

L'Etat joue le jeu d'EDF contre lui-même

 

Or, avec 58 réacteurs actuellement en fonction, couvrant 77% de la production d'électricité en France, passer à 50% nécessiterait la fermeture de plus de deux réacteurs. La Cour des comptes, dans son dernier rapport, insistait sur ce point en indiquant que la loi sur la transition énergétique impliquerait la fermeture de 17 à 20 réacteurs actuellement en fonction, et le développement massif des énergies renouvelables. Défi que, financièrement, Electricité de France est dans l'incapacité totale de relever.

Cette déclaration a bien entendu déjà suscité la colère de plusieurs ONG, mais avec l'accord du gouvernement, EDF semble disposer d'un blanc seing qui lui donne tous les droits, même celui de bafouer une loi pourtant emblématique du quinquennat de François Hollande.

Comble de l'ironie, Jean-Bernard Lévy a précisé que l'Etat soutenait le plan grand carénage, qui vise à prolonger la durée de vie des centrales en fonctionnement : « A moyen terme, l'Etat a donné son accord pour que nous modernisions le parc actuel de façon à ce que la durée de vie qui a été conçue pour 40 ans, nous la montions à 50 et 60 ans, sous réserve que la sécurité nucléaire soit garantie », a déclaré le Président d'EDF.

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