Une alliance non surprenante

Sur le papier, le projet était aussi logique que séduisant : le deuxième groupe français de protection sociale se rapprochant de la troisième mutuelle de France, pour former une Société Générale d'Assurance Mutuelle (SGAM). Mais il n'aboutira pas. Hier soir en effet, le Conseil d'administration de l'Association Sommitale de Malakoff Médéric a annoncé qu'il renonçait définitivement à ce projet de rapprochement. 

Selon les informations recueillies par nos confrères des Échos et de l'Argus de l'Assurance, ce sont les administrateurs issus du MEDEF et de la CGT qui, dans une alliance objective improbable, ont été les fossoyeurs du rapprochement. Apparemment, le désaccord portait sur un point majeur du projet de rapprochement, à savoir le nouveau protocole déterminant les modalités de création de la SGAM, et ses rapports avec les diverses entités qui dépendraient d'elle.

Au terme d'une réunion houleuse, à 19h40, le communiqué de presse du groupe de prévoyance est tombé comme un couperet : « le Conseil d'administration de l'Association sommitale de Malakoff Médéric a décidé de renoncer au projet de rapprochement avec La Mutuelle Générale qui avait été prévu par leur accord du 22 janvier 2015 ».

Un long fleuve agité

Il est vrai que cette fin pouvait être considérée comme prévisible, tant les négociations avaient révélé, tout au long de leur déroulement, des tensions et des oppositions. Initié en janvier 2015, le projet s'était déjà passablement englué dans les méandres de la bureaucratie et des jeux de pouvoir des deux groupes, ainsi que dans des logiques d'acteurs qui attestaient que, malgré leur supposée proximité, Malakoff Médéric et La Mutuelle Générale n'appartenaient pas au même monde, et n'avaient pas toujours les mêmes intérêts ni les mêmes valeurs.

Une crise majeure survenue fin novembre 2015 entre les dirigeants des deux groupes avait déjà failli tout faire capoter. Une solution drastique avait alors été trouvée : évincer celui que l'on considérait comme le principal obstacle à la réussite du rapprochement, Guillaume Sarkozy, le Délégué Général de Malakoff Médéric en personne, et se donner six mois de plus pour reprendre les négociations. Mais il n'en aura fallu que cinq pour qu'elles échouent définitivement.