Cooperl et Bigard ne désarment pas

Cooperl et Bigard ne désarment pas

Malgré la volonté des organisateurs de tenir la cotation, le Marché au Cadran de Plérin a encore été boycotté par la Cooperl et Bigard.

Publié le 13-08-2015 par Aglaë Derouen

Nouveau boycott de la cotation

 

Après l'échec de lundi dernier, la cotation de ce jeudi n'a pas non plus pu se tenir au Marché du Porc Breton de Plérin, dans les Côtes d'Armor, qui fixe le cours du porc et sert donc de référence nationale dans la filière. Comme lundi, les deux principaux industriels du secteur, la Cooperl et Bigard ont décidé de ne pas participer à la vente, car le cours minimal fixé à 1,40 euro le kilogramme par le gouvernement pour soutenir les éleveurs en difficulté leur paraît outrancier.

Patrick Drillet, Président de la Cooperl Arc Atlantique, présente la situation comme un dilemme afin de donner une justification à ce boycott : « Nous avons un dilemme. L'intérêt de nos adhérents c'est d'avoir un prix à 1,40 euro. Mais le marché dans lequel nous vivons est un marché ouvert, lui ne supporte pas ce prix, car nos concurrents sont beaucoup moins chers. Ils nous prennent des parts de marché et on connaît de grandes difficultés à l'export. Si c'est le prix pratiqué demain, il faut qu'on fasse des mesures compensatoires ». Le porc allemand, surabondant et issu d'exploitations industrielles, est en effet inférieur de 35 centimes au moins au cours minimal fixé par le gouvernement.

 

 

Jeu dangereux

 

Les éleveurs, aussi décontenancés que furieux de l'attitude de la coopérative agricole, réclament d'urgence une réunion à Matignon, tandis que le Président de la FNSEA Xavier Beulin appelle quant à lui Bruxelles à prendre ses responsabilités. Si les leaders syndicaux comprennent les problèmes des industriels de la filière, la base crie sa colère. Dans le Finistère, les éleveurs ont appelé à des manifestations, et ont hier soir mené une action symbolique devant la permanence du député de gauche de Plabennec.

Paradoxalement, les enseignes de la grande distribution, qui possèdent souvent leurs propres abattoirs, sont dans la même situation que les industriels, et sont souvent accusés d'étrangler le monde agricole, ont fait entendre une voix singulière et discordante : Casino, Intermarché et Leclerc, ont affirmé qu'ils soutiendraient jusqu'au bout les éleveurs et respecteraient les engagements pris envers eux dès le 17 juin. Loin d'une démarche altruiste, c'est surtout pour elles un bon moyen de capter directement des producteurs en supprimant les intermédiaires, et d'affaiblir les industriels, dont les éleveurs devraient logiquement se détourner au profit des abattoirs de la grande distribution. La Cooperl et le leader de la viande de boucherie jouent donc avec le feu, et pourraient bien s'y brûler gravement.

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