Climat : « Le capitalisme s'est emparé des valeurs de l'écoresponsabilité pour créer le mythe du capitalisme responsable » (Fanny Parise)

T La Revue n°12

Dans Les Enfants gâtés. Anthropologie du mythe du capitalisme responsable (Payot), un livre vivifiant pour la pensée, l’anthropologue Fanny Parise ausculte les thématiques de l’écoresponsabilité, mais aussi le « techno-rassurisme » pour mesurer la façon dont les individus s’en emparent. Pour elle, aucun doute, cette nouvelle croyance constitue une forme de faux-semblant qui évite une transformation profonde de nos habitudes. Rencontre. (Cet article est extrait de T La Revue n°12 - « Climat : Et si on changeait nous aussi ? », actuellement en kiosque).

Publié le 18-12-2022 par Propos recueillis par David Medioni

Pourquoi avez-vous fait le choix de travailler sur ce que vous appelez dans le livre « le mythe du capitalisme responsable » qui serait en fait une lubie « d'enfants gâtés » ?

Fanny Parise Le choix n'est pas réellement un choix. En tant qu'anthropologue, je travaille sur des objets d'études issus de rencontres et des mouvements qui me font face. À l'origine, je suis spécialisée dans les croyances et ce qui meut les individus qui croient et je me suis ensuite tournée vers une anthropologie de la consommation et de l'innovation. De fil en aiguille, j'ai travaillé sur les objets et les habitudes de consommation des classes moyennes supérieures et des classes supérieures. S'intéresser aux objets permet de bien comprendre le fonctionnement d'une société tout entière, ses jeux de pouvoir et ses tendances à venir. C'est en m'intéressant à la question de la consommation émergente et aux nouvelles manières de percevoir la consommation que j'ai découvert une zone de tension, intéressante par essence pour l'anthropologue, puisque les individus qui étaient les promoteurs des nouvelles habitudes de consommation étaient à cheval sur la décroissance et le militantisme de la société de consommation qui visait à consommer moins, mais mieux. Entre ces deux catégories d'individus, il y a une grande différence. Chez ceux qui voulaient consommer moins et mieux, je me suis aperçue que leur posture était plus une vue de l'esprit qu'une réalité.

Qu'entendez-vous par « vue de l'esprit » ?

F.P. Cela s

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