Climat et politique : je t’aime moi non plus

T La Revue n°12

Depuis les premières alertes des années 1970 jusqu’au fameux discours de Jacques Chirac à Johannesburg en 2002, la prise de conscience du monde politique en matière de protection du climat fut longue et fastidieuse… Jusqu’au grand réveil. (Cet article est extrait de T La Revue n°12 - « Climat : Et si on changeait nous aussi ? », actuellement en kiosque).

Publié le 18-12-2022 par Laurent-David Samama

1974. La France se réveille tout juste de trois décennies d'euphorie culturelle et économique. Les Trente Glorieuses s'achèvent. Le choc pétrolier vient brusquement faire bondir le cours du baril de pétrole. Çà et là, des grappes de militants issus des milieux scientifiques et des écoles d'ingénieurs prophétisent la fin des années de surconsommation et la probabilité de dommages irréversibles sur notre planète. À l'époque, ils forment une avant-garde vigilante mais relativement ignorée. Dans les « seventies », René Dumont sera leur porte-voix. Avec son pull-over rouge et son phrasé maniéré, cet agronome respecté passera pourtant pour un hurluberlu auprès de l'opinion. C'est que dans une classe politique profondément divisée selon le clivage gauche/droite, Dumont va raconter une histoire alors difficile à croire : celle du changement climatique et de ses conséquences. Une cause qui le pousse naturellement à se porter candidat à l'élection présidentielle de 1974. Relativement moquée, la voix de cet « Einstein dégingandé » pèse peu face aux ténors que sont Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand ou Jacques Chaban-Delmas. Qu'à cela ne tienne, Dumont creuse son sillon. Il influence avant l'heure et se bat seul contre tous. « Je ne suis pas un candidat doux rêveur » clame-t-il. Son discours est d'ailleurs très sérieux ; c'est bien « l'effondrement total de notre civilisation avant la fin du XXIe siècle » que le néo-politicien annonce dans son clip de campagne « si la populati

Lire la suite

Voir la suite...

Les dernières actualités