Areva devient Orano

Areva devient Orano

Selon le journal Le Monde, Areva changera aujourd'hui de nom, pour devenir Orano.

Publié le 23-01-2018 par Guilhem Baier

Un nom chargé de symboles

 

Après Areva NP, rachetée par EDF et redevenue Framatome, ce sera bientôt au tour d'Areva de changer de nom, pour devenir Orano, selon nos confrères du quotidien Le Monde. Orano, une variation subtile autour d'Ouranos, un des premiers dieux grecs représentant le ciel étoilé et père des géants et des titans, et de son équivalent dans le panthéon romain, Uranus. Le choix de ce nom semble se justifier par le fait qu'Uranus ait donné son nom à l'uranium, le minerai auquel l'ancien géant du nucléaire doit son existence et sur lequel repose désormais toute son activité.

On peut légitimement s'interroger sur l'étendue de la culture mythologique de ceux qui ont choisi ce nom parmi les 200 proposés, dans la mesure où Ouranos/Uranus s'est uni à sa mère Gaïa, la Terre, et n'a eu avec elle pour enfants que des monstres qu'il haïssait et enferma dans le Tartare : les géants aux cent bras (Héchatonchires), les Cyclopes et les Titans. C'est d'ailleurs de la main du plus jeune des Titans, Cronos/Saturne, qu'il périt, châtré. Les gouttes de son sang répandues sur la Terre donnèrent également naissance à des divinités infernales, les Erinnyes. On comprend ainsi pourquoi, d'ailleurs, Ouranos fut l'un des rares dieux auxquels les Grecs ne rendirent pas de culte.

Au-delà du lien avec l'uranium et des sonorités agréables du nom choisi pour le nouvel Areva, les symboles et significations que ce nom véhicule laissent présager pour Areva un destin tragique, ce qui n'est sans doute pas une bonne idée.


Fausse bonne idée

 

Le destin tragique, Areva a commencé à le vivre voici deux ans. Acculé à la faillite avec une perte de près de 5 milliards d'euros, l'ex-fleuron de la filière nucléaire française a dû supprimer 6 000 postes, être renfloué par l'État, puis réorganisé et morcelé en trois entités distinctes : Areva NP, l'activité de fabrication d'éléments nécessaires au fonctionnement des centrales nucléaires, comme les cuves de réacteurs ou les circuits primaires, a été vendue à EDF, pour devenir Framatome ; Areva SA, la holding, est restée en vie mais veille surtout à assurer la clôture du gouffre financier qu'est le chantier de l'EPR finlandais sans en faire supporter le passif à ses anciennes filiales ; la troisième, désormais nommée Orano, a recentré ses activités sur le cycle du combustible, depuis l'extraction jusqu'à la gestion des déchets, et le démantèlement des réacteurs.

Avec un nouveau nom, Orano voudrait faire oublier Areva, ses dettes, ses erreurs, ses insuffisances et ses sulfureuses activités dans les mines d'uranium du Niger. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce nom sent tellement le soufre et le sang, compte tenu de son ancrage mythologique, qu'il aurait plutôt tendance à appeler la critique et l'ironie qu'à évoquer un avenir serein et glorieux. Orano ne serait-il donc pas plutôt la dernière fausse bonne idée d'Areva ?

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