« Investir dans l'intelligence artificielle, c'est investir dans la croissance » (Anne Bouverot et Philippe Aghion)

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ENTRETIEN- Mercredi, la chercheuse en intelligence artificielle Anne Bouverot et l'économiste Philippe Aghion ont remis au président Emmanuel Macron le rapport du comité interministériel sur l'intelligence artificielle générative, dont ils étaient les présidents. Fruit de six mois de travail de ce comité composé de quinze experts et expertes français du sujet, le texte détaille un plan d'action pour faire de l'IA un moteur de croissance de l'économie française. Moyennant des investissements inédits de la part de l'Etat, il projette notamment une augmentation de PIB de plus de 400 milliards à l'horizon 2034.

Publié le 15-03-2024 par François Manens

LA TRIBUNE-Vous demandez à l'Etat français un effort financier inédit, de cinq milliards par an pendant cinq ans, soit vingt-cinq fois supérieur à celui recommandé par le rapport Villani de 2018. Pensez-vous que l'Etat soit disposé à suivre votre recommandation ?

PHILIPPE AGHION- Oui, 5 milliards par an pendant cinq ans, c'est beaucoup. Mais ça ne représente que 0,3 % des dépenses publiques totales, alors que dans le même temps, la France prévoit d'augmenter ses dépenses publiques de 220 milliards d'euros en cinq ans. Autrement dit, il ne s'agit pas tellement de supprimer des dépenses pour privilégier l'IA, mais plutôt de choisir quelles dépenses publiques augmenteront plus vite.

Nous avons une philosophie que je qualifierais de "philosophie Draghi" [ancien président de la banque centrale européenne, Ndlr], qui s'appuie sur l'idée qu'on ne met pas toutes les dépenses publiques sur le même plan. Il y a des dépenses de fonctionnement sur lesquelles on peut jouer dans le cadre d'une réforme de l'Etat, à l'image de la récente réforme des retraites. Mais il ne faut pas couper dans les dépenses qui sont en réalité des investissements dans la croissance. Or, l'investissement dans l'intelligence artificielle est un investissement dans la croissance : c'est un des messages clé du rapport ! Mécaniquement, si la France a une croissance plus élevée demain, elle aura une plus grande capacité à rembourser sa dette.

Vous avez remis le rapport au président Macron hier matin, quelle a été sa

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